04 avril 2022

Entamée le 24 février dernier, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a donné lieu à un conflit militaire majeur avec des répercussions importantes sur l’économie mondiale. En effet, plusieurs matières premières ont vu leur prix flamber consécutivement à la perturbation des chaînes d’approvisionnement causée par cette guerre ainsi que par les sanctions économiques à l’encontre de la Russie.  

Dans le détail, la Russie et l’Ukraine comptent pour près de 29% des exportations mondiales de blé et de 80% des exportations d’huile de tournesol. La Russie constitue également une source de production importante de plusieurs métaux et minerais dont : 

• Les éléments du groupe platine -EGP- (30% de la production mondiale) ; 
• Le Titane (13% de la production mondiale) ; 
• Le nickel (11% de la production mondiale) ; 
• Le cuivre (10% des réserves mondiales) ;
• L’aluminium dont la Russie est le deuxième producteur mondial avec 6% de la production globale ;
• Les produits intermédiaires phosphatés  dont elle est à l’origine de 13% de la production mondiale (Ammoniac, phosphate, souffre, etc.) ;
• Et, enfin le pétrole et le gaz naturel sur lesquelles l’ex URSS est respectivement troisième et deuxième producteur mondial.

Dans ce sillage et suite à la diminution de l’offre, plusieurs matières premières ont vu leur cours fortement augmenter, conduisant ainsi à une accélération de l’inflation au niveau mondial, y compris au Maroc. 

Ainsi, durant les deux premiers mois de l’année en cours, le Maroc a enregistré un taux d’inflation de 3,3% en glissement annuel et devrait, selon les prévisions de Bank-Al-Maghrib, atteindre 4,7% en 2022. Selon le HCP, les hausses les plus marquées ont été enregistrées par (i) les carburants (+22% en glissement annuel à fin février), (ii) les huiles et graisses (+13,7% en glissement annuel à fin février) et le pain et les céréales (+13,2% en glissement annuel à fin février). 

Cette inflation importée devrait impacter négativement l’économie nationale en affectant la consommation domestique et en mettant davantage de pression sur les dépenses publiques, ce qui pourrait alourdir le déficit budgétaire. 

Néanmoins, cet impact négatif ne concerne pas l’ensemble des secteurs de l’économie nationale. Certains produits tels que les fruits, les légumes et les produits halieutiques pourraient tirer parti de cette crise étant donné que certains pays européens qui importaient ces produits d’Ukraine devraient se tourner vers le Maroc pour satisfaire une partie de leurs besoins.  

Enfin, la suspension des exportations russes d’engrais a favorisé la commercialisation de ces produits en faveur de l’OCP qui prévoit d’augmenter sa production d’engrais de +10% en 2022 après avoir enregistré des performances commerciales record en 2021. 

 Conséquences sur les marchés financiers 

 Hormis l’impact de cette crise sur l’économie nationale, le conflit russo-ukrainien a également eu un effet défavorable pour les marchés financiers. C’est ainsi qu’au 24/02/2022, la Bourse de Casablanca a enregistré la plus importante baisse quotidienne depuis le début de l’année avec un MASI en recul de -4,11% et un MSI20 en repli de -4,54%. 

Cet impact sur le marché actions devrait continuer à se faire ressentir dans la mesure où l’inflation importée liée à la crise en Ukraine devrait augmenter le coût des intrants pour plusieurs sociétés cotées, réduisant ainsi leurs marges opérationnelles et donc leur rentabilité. Toutefois, cette crise pourrait impacter positivement l’activité de certaines entreprises, telles que : 

• Les sociétés minières qui devraient profiter de la hausse des cours de métaux industriels et des métaux précieux, notamment l’or, représentant une valeur refuge dans un contexte d’incertitudes ; 
• Les sociétés de distribution de carburants qui continuent de tirer avantage de la hausse des prix de ces derniers ; 
• Et, les sociétés de pétrochimie qui devraient bénéficier de la hausse des prix de vente appliqués.